Chers frères et sœurs, fils et filles bien-aimés du Seigneur, merveilleuses Créatures de Dieu, 

Nous voici entrés dans le temps du carême où l’Église nous invite à suivre le Christ sur le chemin du dépouillement, de l’épreuve et de la victoire sur le mal. L’Évangile de ce jour ( Lc 4, 1-13) nous conduit aux confins du désert, là où Jésus, après son baptême dans le Jourdain, est mené par l’Esprit pour affronter l’Adversaire. Ce passage du bord luxuriant du fleuve à l’aridité du désert n’est pas anodin : il reflète le mouvement même de nos existences, balancées entre la consolation et l’épreuve, entre la fécondité et la sécheresse. Pour mieux saisir la portée de ce passage pour notre méditation, je l’aborde en deux temps.

1- Du Jourdain au désert : la solidarité du Christ avec notre humanité

Jésus vient de recevoir le baptême des mains de Jean. Les cieux se sont ouverts, et la voix du Père a retenti : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Lc 3, 22). À cet instant, tout semble éclatant de lumière, tout est plénitude et communion. Pourtant, aussitôt, l’Esprit le pousse au désert. Le Christ passe d’un lieu de vie et d’abondance à un espace de solitude et de dénuement. N’est-ce pas là l’image de nos propres existences ? Nous connaissons ces moments de grâce où tout nous semble aisé, où la présence de Dieu est douce et sensible. Mais nous traversons aussi des temps de désert, où la prière devient aride, où l’épreuve nous accable, où la tentation se fait plus pressante. En acceptant de passer du Jourdain au désert, Jésus embrasse cette réalité humaine : il n’est pas un Dieu lointain, étranger à nos luttes. Il se fait notre frère, solidaire de notre condition. Au désert, en tant qu'Homme, il subit l'épreuve de la tentation mais il sait qu'il n'est pas seul. Il nous invite à sa suite à compter sur Dieu et l'Esprit Saint.

2- Un désert habité : Jésus n’est pas seul

Jésus sait qu'il n'est pas seul dans ce désert, que ce désert n’est pas un lieu d’abandon. Il est écrit : « Jésus, rempli de l’Esprit Saint, fut conduit au désert » (Lc 4, 1). Cette précision est essentielle. Le Christ n’entre pas dans l’épreuve par hasard ni par fatalité : c’est l’Esprit qui le mène. Ce même Esprit qui l’a consacré au Jourdain l’accompagne dans l’aridité du combat.

Ainsi en est-il pour nous. Dans nos traversées du désert, nous ne sommes jamais seuls. L’Esprit de Dieu nous précède, nous soutient, nous éclaire. Il nous donne la force de résister aux séductions du Malin et de rester fidèles au Père.

Frères et sœurs, entrons avec confiance dans ce temps du carême. Si l’épreuve et la tentation nous guettent, sachons que nous ne sommes pas abandonnés. Jésus a emprunté ce chemin avant nous. Il nous y précède, nous y soutient et nous en ouvre l’issue. Que l’Esprit qui l’a guidé au désert nous éclaire et nous fortifie, afin que, purifiés par cette traversée, nous puissions, avec lui, goûter à la joie de la résurrection. Amen !

Père Placide Esse Loko, votre curé